dimanche 29 mars 2015

Il faut changer de politique pour éviter le pire

Les résultats de ces départementales sont catastrophiques. Nous perdons plus de 30 départements. Jamais, dans la 5eme République, une telle bascule n'a eu lieu avec autant d'ampleur.
En 2011, nous n'avions gagné que 3 départements. En 2008, c'est 8 bascules. Les deux plus grosses bascules de l'histoire concernaient au maximum 10 départements.
Même en prenant en compte un scrutin où seuls la moitié des départements votaient, jamais dans l'histoire plus de 30 départements basculent!
Les résultats des duels avec le Front National montrent qu'aujourd'hui, c'est la droite qui peut le mieux empêcher ce parti d'avoir des élus. Le FN gagne ses duels avec le PS, grâce à des reports de voix venus de l'UMP, alors que dans des duels avec l'UMP, toutes les voix de la gauche se reportent sur la droite.
Dans la perspective de 2017, cela peut avoir des conséquences dans les votes de certains de nos électeurs.
La seule illusion, c'est celle entretenue par les sondages. Ils nous voyaient encore plus bas. La belle affaire!
Sur la base des trois derniers scrutins, la gauche n'est pas assurée d'être au second tour en 2017. Pire, nous ne garderions qu'une centaine de députés.
La gauche ne peut progresser lorsqu'elle est divisée, aucune partie de la gauche ne peut gagner au détriment des autres.
C'est cette lecon, ignorée superbement depuis deux ans et demi par Francois Hollande, et depuis un an par Manuel Valls, incapables de construire des compromis politiques - on ne parle pas des faux semblants d'amendements, on parle de mesures qui sont suivies d'adhésion de la part des forces progressistes et de gauche, et recourir au 49-3, c'est l'anti-thése de cela - qui vient d'être - de nouveau, aprés les municipales et les Européennes - rappelée.
Le collectif de Vive la Gauche, dont fait partie les parlementaires de Maintenant la Gauche, mais aussi, à la FFE, Arnaud Leroy et Pouria Amirshahi, a appelé à un nouveau Contrat de Rassemblement, "Nous appelons à ce qu’une grande Gauche se rassemble sans retard, pour soutenir des politiques nouvelles, au service de nos engagements."
Manuel Valls, ce soir, redécouvre le slogan de Martine Aubry aux Primaires, scande son intention de s'occuper de "l'Emploi, l'emploi, l'emploi". Rappelons la hausse de Février du chômage...
Il annonce dans la foulée que des textes "seront adoptés avant l'été" - quel mépris du Parlement! Il seront discutés, débattus, proposés, mais si Manuel Valls n'a plus besoin du vote, et bien, qu'il gouverne par ordonnances!
Jean-Christophe Cambadélis ce soir a perdu toute crédibilité pour être Premier Secrétaire. D'aprés lui, il n'y a pas de débâcle. Le PS n'aurait "pas dévissé". Son appel au dialogue avec la gauche est à l'unisson: sans contenu à proposer, ni idée de quoi faire.
Alors, les partis à la Gauche du PS vivent aussi une forme de refus du réel.
Il n'y a en France ni scénario grec, où un Front de Gauche se nourrirait de l'électorat du PS, ni de scénario espagnol, où un nouveau parti, à la Podemos, surgirait.
Nous sommes dans un scénario à la Weimar, où autrefois le NSDAP de Hitler surgit du désespoir, alors que le budget était rééquilibré.
Lorsque la Social-Démocratie trahit l'espoir de ses électeurs, des classes modestes, des salariés, des enseignants, des fonctionnaires, des retraités issus de classe modeste, lorsqu'elle empêche par sa politique le rassemblement et pousse sa gauche à lutter contre elle, c'est l'extrémisme qui l'emporte, et emporte tout.
Il est temps de changer de politique. Nous faisons des propositions concrétes depuis 2012.

Maintenant la Gauche analyse les départementales

imageLes résultats des élections départementales, après l’échec des municipales, exige de l’exécutif, du PS et de la gauche lucidité et sursaut. On ne saurait trouver des alibis pour atténuer la gravité de la situation, l’ampleur de la défaite et l’exigence de changement de cap.
Sur le terrain politique, comme sur le plan économique, il serait dramatique d’attendre sans réagir, au motif qu’un frémissement de certains indicateurs macro-économiques règlerait les graves problèmes qu’il nous faut surmonter.
Constater la désunion de la gauche et des écologistes en cherchant des boucs émissaires ne peut qu’accentuer les divisions. Alors même qu’il revient au PS, principal parti de la gauche et au Président de la République, élu grâce ã la mobilisation des électeurs de toutes ces forces, de proposer une stratégie et un contenu au rassemblement sans lequel aucune victoire n’est envisageable en 2017.
Après avoir appelé au rassemblement avant les élections et avec insistance entre les deux tours, il n’est pas possible, une fois les élections passées, de continuer comme si de rien n’était. C’est une question d’éthique politique mais aussi d’efficacité.
Le poids du Front national, même s’il ne se concrétise pas par la conquête de départements, est très alarmant. Le nécessaire combat moral et idéologique ne sera pas suffisant pour réduire le poids du FN.
Il est indispensable d’entreprendre la reconquête des couches populaires, de plus en plus nombreuses à ne plus voter et à ne plus voter à gauche ; Plus que d’autres, elles ont besoin d’une politique qui place la justice sociale, la relance du pouvoir d’achat et la création d’emplois au premier plan. Elles attendent des mesures immédiates et des perspectives d’avenir.
Le temps n’est pas aux calculs opportunistes, ni aux demi-mesures. De façon continue, « Maintenant la gauche » a fait des propositions, concrètes, sérieuses, qui pourraient servir de base à la discussion d’une plateforme de sursaut économique, social et républicain rassemblant toute la gauche et les écologistes.
Les socialistes ne peuvent plus attendre encore une fois un rebond venu d’ailleurs, ni se résigner à la défaite. Le temps presse désormais.
Emmanuel Maurel
 

mercredi 11 mars 2015

Le Parti Socialiste est-il toujours le Parti de la Laïcité et de l'Ecole Publique?

Il y a un vrai débat, fondamental, sur la laïcité, au sein du Parti Socialiste, et qui porte aussi sur l'Ecole Publique.
C'est un débat bien plus important qu'on ne le croit: le basculement du PS dans le tournant de la rigueur en Juillet 1983 ne fut pas un choix politique organisé sur un débat économique. Mauroy ne tombe pas à cause du déficit extérieur ou de l'inflation, mais bien parce que Mitterrand le lâche en pleine querelle de l'école publique.
Ce débat n'épouse pas les différences sur la politique économique.
Le Parti radical de Gauche, partie prenante de la politique économique actuelle, accuse le Parti Socialiste aujourd'hui de trahir la laïcité.
Il démontre cependant qu'une petite clique, sur la politique économique comme sur la politique sociale, tourne le dos aux combats historiques du Parti Socialiste et de la gauche, remettant en cause même le ciment de l'union d'autrefois entre républicains et socialistes, entre Radicaux, SFIO et Parti Communiste.
Que cette clique souhaite une alliance avec les croyants du Centre, avec l'UDI de Habib Meyer!, n'est donc pas une surprise.
Sur ce sujet, la contribution déposée par JCC Cambadelis et celle de Maintenant la gauche sont très proches, rappelant la nécessité de supprimer le délit de blasphème y compris en territoire concordataire, et en reconnaissant l'importance de la charte de la laïcité.
Il y a là de nouveau une dérive idéologique à l'œuvre, de la part de ceux qui, sur les questions économiques, sociales, et donc maintenant politiques, ne sortent jamais du bois et ne déposent pas de contribution. Ils s'abritent derrière les autres, signant la contribution "laicarde" de Cambadelis, mais mettant en œuvre une autre politique.
Que les camarades, sincèrement convaincus de la nécessité du combat laïc, évitent de se retrouver dans le même texte que ceux qui attaquent l'école publique et l'idée laïque pour la dévoyer en œcuménisme bon teint,  fassent donc un choix clair.
Rejoignez les contributions authentiquement laïques, mais surtout celles dont les équipes le resteront après le congrès.
Pourquoi ce message? Je vais traiter du fond:
Cette semaine, la presse rends compte que le ministre de l'Intérieur a repris lors du conseil des ministres du 25 février des propositions d'un texte de travail du parti non encore débattu ni approuvé par le Bureau National, notamment sur les écoles privées:
 «Le gouvernement veillera à ce que l'enseignement privé confessionnel musulman puisse se développer dans le respect des principes républicains. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent pleinement usage de leurs prérogatives de contrôle», avait annoncé le ministre.
Le Parti socialiste, s'en était aussitôt félicité dans un communiqué, proposant de " développer les établissements scolaires privés sous contrat", que le secrétaire national à la laïcité Dutheil signa de noms de parlementaires profondément opposés au contenu de ce texte.
«Je n'ai jamais lu ce texte et je n'en partage pas les options. Je n'y ai pas été associé, pas plus que mes collègues dont le nom est mentionné», déplore Emmanuel Maurel, eurodéputé et animateur de la contribution «Maintenant la gauche». L'élu socialiste regrette que le texte n'ait pas été discuté en bureau national. «J'ai appelé Laurent Dutheil, l'auteur du texte, pour lui en faire part, et j'ai adressé un courrier. Il m'a dit qu'il avait inscrit nos noms parce que nous faisions partie du groupe de travail», détaille au Scan l'un des leaders de l'aile gauche du PS, qui s'offusque d'être associé à un texte qui promeut le développement des écoles confessionnelles."
Dutheil a ajouté à son texte des signataires qui n'ont jamais lu ou approuvé ce texte tel quel, qui sont en profond désaccord. Manigance minable de préparation de congrès.
On l'a entrevu à la réunion des secrétaires de section du 1 Février dernier: les secrétaires de section ont applaudi des conceptions profondément opposées de la laïcité. L'exercice de clarté est à faire.
Certains, dont je suis, ont défendu l'idée républicaine, universelle, qui voit dans la citoyenneté une émancipation permettant le choix, de croire, de pas croire, de changer de foi, de ne pas être défini par son origine ou la religion de ses parents, dans laquelle l'ordre républicain ne s'occupe pas des églises en dehors de la loi commune, et où la tolérance d'un enseignement confessionnel, arraché par des rapports de force politiques et dans la rue par les mêmes qui aujourd'hui manifestent contre le mariage pour tous, justifie la contrainte du conventionnement, mais où cet enseignement confessionnel n'est que toléré.
L'objectif reste, si les rapports de force le permettent, de revenir à une réforme à la Savary, de réduire le financement de l'enseignement confessionnel, de mettre fin, un jour lointain, au conventionnement en absorbant les écoles privées. Qu'une initiation à l'éthique et un enseignement religieux soit proposé en option n'est pas contradictoire: il ne s'agit pas de gommer la religion et la question de la foi, mais d'émanciper le citoyen de la pression sociale, familiale et culturelle, au nom de la liberté de conscience.
D'autres ont défendu l'idée d'un ordre républicain qui conforte les communautés, qui assure la tolérance d'un sécularisme œcuménique. Toutes les religions se valent, et l'Etat les mets toutes sur un même plan, comme acteurs légitimes d'un dialogue politique, organisant avec les églises une partie de l'enseignement, complémentaire à l'enseignement public, et tout aussi légitime que lui. Dans cette vision, les chefs d'Etat et de gouvernement aident les églises à s'organiser et à être représentée comme acteurs spécifiques, plus légitimes que d'autres. Dans cette vision, l'individu est ramené à sa communauté - il y a un vote juif, un vote musulman, un vote antillais, un vote catholique social, un vote calviniste de gauche. dans cette vision, il y a une confusion entre laïcité et sécularisme.
C'est la vision que porte Manuel Valls dans ses discours, que porte le rapport Dutheil au sein du PS.
Pour moi, cette conception réduit toujours l'individu à son origine, à sa religion, et l'y enferme. Comme le disait une camarade le 1 Février "toujours on me renvois à mon arabité, alors que je suis citoyenne française."
On serait "musulman", "juif", "immigré", "beur", "de souche" (ce qui veut dire blanc et chrétien) avant d'être "citoyen" et "Français".
Surtout, comment sortir de ces communautés?
Qui aidera la femme émancipée à sortir de l'oppression catholique ou islamique, qui aidera le citoyen LGBT à échapper à la répression de communautés conservatrices? Qui fait le travail d'émancipation, si l'école publique est supplétive des écoles confessionnelles, si l'Etat organise l'enfermement des individus dans leurs communautés?
Dans une société bâtie sur la tolérance d'un sécularisme œcuménique les athées ont des problèmes. Car leur existence n'est pas reconnue. Car être athée, ce n'est pas être membre d'une communauté. C'est un choix individuel, libre.
Et qui garantit que l'apostat, celui qui change de religion, celle qui souhaite épouser dans une autre communauté, ne soient pas victimes de l'oppression sociale, si l'Etat conforte ainsi les religions et leurs églises ?
Il n'est peut-être pas si ironique, de la part de l'histoire, alors que c'est Laurent Fabius qui succéda à Pierre Mauroy après la bataille perdue de l'Education, permettant à Jack Lang, successeur de Alain Savary, de créer une relation symbiotique entre enseignement confessionnel et Education nationale, que ce soit Bertrand Cazeneuve, ministre fabiusien de l'Intérieur, qui inscrive dans les projets du ministére l'organisation de l'enseignement confessionnel musulman. C'est la boucle bouclée d'une certaine gauche, qui se manqua en 2005 en soutenant par opportunisme le non au traité de Lisbonne (Valls, Fabius, Cazeneuve), mais qui sur des sujets essentiels, est dans une logique d'abandon.
Pour moi, la laicité, c'est ce qu'explique si bien le texte de Maintenant la Gauche: http://www.maintenantlagauche.fr/signer-la-contribution-generale-de-maintenant-la-gauche/
"La République laïque est là pour garantir à tous les Français la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire. Elle doit d'abord promouvoir les valeurs fondamentales qui nous rassemblent, apprendre à distinguer ce qui relève du savoir et ce qui relève de la croyance.
 La République et ses représentants doivent restaurer chez chacun de nos concitoyens la fierté d'en être membre. La République ne reconnaît pas les communautés religieuses comme intermédiaires avec les citoyens, et elle doit être capable de rappeler à l'ordre ceux de ses élus locaux qui instrumentalisent et entretiennent les communautarismes à des fins de contrôle social ou électoral.
 En République, le blasphème n’existe pas. On ne peut pas accepter l’idée qu’il soit interdit de critiquer ou moquer des convictions quelles qu'elles soient (religieuses ou politiques).
 Il est essentiel de rappeler à tous que la liberté d’expression n’autorise pas à déroger de la loi en particulier celle contre le racisme et l’antisémitisme.
 La laïcité n’est pas une succession d’interdits. Elle a, au contraire, une vocation libératrice, émancipatrice et elle rend possible non seulement le vivre ensemble, mais la construction d’un projet commun.
 Notre pays doit garantir la liberté de culte et les moyens de l’exercer dans le respect strict de la loi de 1905 que nous ne voulons pas modifier. De nombreuses initiatives peuvent être prises pour permettre une pratique religieuse libérée des influences étrangères ou contraires aux principes de la République.
 Le combat laïque a besoin de l’implication de tous, et en premier lieu de nos institutions.
 Les événements récents et en particulier certains comportements constatés dans les établissements scolaires en marge de la minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo sont inquiétants. Mais, au-delà, cela a mis en lumière le désarroi de nombreux enseignants face à des discours intellectuellement violents de beaucoup de jeunes gens, eux-mêmes en pleine confusion, sous l'influence parfois des entourages, mais aussi des discours complotistes ou radicaux que l'on trouve facilement sur internet et les réseaux sociaux.
 Un travail d'éducation civique et républicaine est à réinventer et mener sur un temps long et nos enseignants doivent être armés pour réussir. Le gouvernement manifeste sa volonté de relever ces défis nous devons le soutenir dans cette détermination. Il faudra agir dans tous les lieux éducatifs, et même dans la formation professionnelle pour mieux faire comprendre et partager cette valeur. C’est au sein de tous les services publics qu’il faut que salariés, dirigeants, usagers soient au clair sur la façon de la faire vivre.
 Les chartes de la laïcité doivent être systématiquement établies en faisant appel à la participation de tous ceux qui doivent la mettre en œuvre.
 La laïcité prend aussi appui sur l’analyse rationnelle et critique du monde. Elle combat tous les obscurantismes. Quand on voit monter le dogmatisme des créationnistes aux USA, le négationnisme historique, la contestation de la science ou des droits des femmes (dans plus d’une religion), on mesure que la laïcité doit faire face à des idéologies qui la combattent avec force et qu’elle ne s’imposera pas comme une évidence. La mobilisation du 11 Janvier est très importante et il nous faut la prolonger."

mercredi 25 février 2015

La santé de l'Allemagne, résultat d'une politique de la Demande

Hier, j'entendais de nouveau BFMTV nous servir le couplet habituel sur le succès de l'Allemagne.
Schröder, le commis-voyageur de Gazprom et ami de Poutine, grâce à de courageuses réformes inspirées par Peter Hartz, l'homme condamné en 2008 pour corruption des représentants du personnel de Volkswagen et abus de biens sociaux, s'attaquant à la flexibilité du travail et aux cotisations chômage, aurait remis le pays en route, et Merkel sut poursuivre ces réformes. Le peuple allemand, qui n'est pas râleur, lui, sut soutenir ses réformes en acceptant la modération salariale.
Bon, les chiffres montrent qu'entre ces réformes et le début d'un commencement de succès, il s'est écoulé 6 ans, avec entre-temps la plus grave récession mondiale de l'après-guerre. La modération salariale a surtout provoqué une progression de la pauvreté, qui est plus forte en 2014 qu'en 1998, sans compter l'inégalité croissante entre hommes et femmes.
Les résultats des élections depuis 2005 montrent aussi que les allemands ont fait perdre sa majorité à tous les gouvernements. Schröder perds les élections de septembre 2005, la grande coalition perds sa majorité en 2009, la coalition conservateur-libéraux perds sa majorité en 2013, la grande coalition actuelle serait aussi renvoyée à la maison.
La seule vainqueur dans ce jeu, c'est Merkel, dont le parti conservateur passe de 33% à 42%, retrouvant les scores habituels des conservateurs d'avant 1998, pas non plus le plébiscite dont tout le monde parle.
Le Bundestag de 2013 a d'ailleurs aussi une majorité á gauche si SPD, verts et Linke trouvaient des moyens de collaborer.
Pour des Allemands plébiscitant la politique menée, on a vu mieux. On voit surtout une partie des Allemands, profiteurs du système mis en place, souhaitant sa poursuite contre les intérêts de leurs compatriotes.
On voit d'ailleurs une révolte populiste-nationaliste, anti-européenne, se développer. Le parti AfD est entré au Parlement européen, au Parlement régional de Hambourg, est crédité de voix pour entrer au Bundestag. Cela mettrait fin á toute majorité de gauche au Bundestag.
Dans ce joli récit de BFMTV, la crise de 2008-2009 n'existe plus, elle n'a eu aucun effet, ni conséquences, et les gouvernements n'ont rien fait. Dans ce récit, l'impact démographique, déflationniste, n'a pas de place non plus, ni les effets positifs, pour une économie importatrice de matières premières et exportatrices de produits finis à forte compétitivité hors prix d'une monnaie stable et forte. Dans ce récit, les autres mesures prises depuis la crise, suite à la crise des dettes publiques, depuis la deuxième Grande Coalition n'existent pas.
On ne conserve qu'une chose: Schröder a fait des réformes conformes à la vulgate néolibérale en 2002, et l'Allemagne a eu de bons résultats économiques entre 2010 et 2014.
Pourtant...
Pourtant en 2008 et 2009, l'Allemagne a mené une agressive politique de relance par l'investissement et de maintien du pouvoir d'achat.
Pourtant, l'Allemagne a failli entrer en récession en 2013.
Pourtant, depuis septembre 2013, l'Allemagne, sous la pression du SPD réorienté au centre-gauche, mène une politique de soutien à la demande, avec création du SMIC, relèvement des retraites, et aujourd'hui annoncé, une politique active d'encadrement des loyers.
D'ailleurs, la croissance de 2014 n'est pas le résultat des réformes de 2002.
C'est, d'après Reuters, grâce à la reprise de la consommation des Ménages!
Et pourtant, c'est bien à la reprise d'accords salariaux agressifs que l'on espère le maintien de cette croissance!
D'ailleurs, c'est la seule manière de résorber les déséquilibres provoqués par la balance excédentaire - à plus de 200 Milliards, soit plus que la dette publique grecque - de l'Allemagne! En soutenant une demande et une consommation qui relancera les importations depuis les pays partenaires européens!
La réécriture de l'histoire est toujours l'œuvre de révisionnistes servant un dessein politique. BFMTV et la vulgate libérale française, dont Gallois, tel un nouveau Peter Hartz, est un symbole, comme un Attali, un Macron, sont au service d'intérêts privés. Pas de ceux de la nation.

Avec Maintenant la Gauche, nous proposons un plan de relance depuis l'hiver 2013.
Suivons l'exemple allemand!

Les salaires en hausse, clé de la croissance allemande:
http://fr.reuters.com/ar…/businessNews/idFRKBN0LS0G120150224
La croissance, clé des rentrées fiscales en hausse:
http://www.rp-online.de/wirtschaft/wirtschaft-deutschland-erzielt-18-milliarden-euro-ueberschuss-aid-1.4900058
L'excédent commercial atteint des niveaux inquiétants pour la stabilité de l'Euro:
http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/02/07/l-excedent-commercial-allemand-a-atteint-un-niveau-record-en-2013_4362031_3234.html
L'encadrement des loyers décidé par la Grande Coalition hier:
http://www.faz.net/aktuell/politik/koalition-einig-die-mietbremse-kommt-13448641.html

mardi 24 février 2015

Où va l'Europe?

Le pacte de stabilité qui trouve son origine dans le traité de Maastricht suppose que les États Européens restent dans des marges bien connus.
Ceux-ci, fixés par des experts administratifs, ont reçu la protection du Droit. La politique économique est devenue un sujet de jurisprudence plus qu'un outil positif pour construire un avenir commun.
Pourtant, tous les économistes reconnaissent que les déséquilibres les plus déstabilisants pour une zone monétaire ne sont pas définis par la politique budgétaire.
Dans de grandes zones monétaires relativement homogènes linguistiquement, c'est les migrations internes qui vont rééquilibrer la zone.
Une ville en plein boom attirera les chômeurs d'une zone dévastée, achètera les produits d'autres villes et alimentera ainsi leurs économies.
On comprends qu'un espace aussi complexe, aussi longuement construit, culturellement, linguistiquement, que L'Europe, ne peut pas régler ses problèmes ainsi.
L'exode rural français fut une bonne illustration de ce modèle de rééquilibrage interne.
Aujourd'hui quatres nouvelles se percutent et révèlent à quel point le jurisidisme économique est impuissant à s'attaquer à tous les déséquilibres européens.
L'Allemagne a dégagé en 2014 un surplus budgétaire largement supérieur aux dernières prévisions. Cela démontre par ailleurs l'efficience des inspecteurs des finances allemands, à peu près équivalente à celle des français. Le surplus budgétaire est un déséquilibre ayant aussi des effets négatifs sur une économie.
L'excédent commercial allemand a de nouveau battu un record. Dans le même temps le déficit commercial français hors énergie a aussi battu un record. Ce sont deux déséquilibres de la balance des paiements qui s'expliquent en partie l'un par l'autre.
Enfin, le gouvernement français vient officiellement de reconnaître auprès de la commission l'impossibilité de revenir sous les 3% de déficit avant 2018, ce qui devrait entraîner une procédure contre nous.
Bien sûr il est simpliste de dire que ces excèdents ci sont le reflet de ces déficits là.
Mais il y a une once de vérité dans cette simplicité.
La France va donc être sanctionnée. L'Allemagne elle n'aura droit à aucune remarque.
C'est que le cadre juridique défini ne traite pas d'un niveau maximal d'excédents. Il est légitime juridiquement de s'enrichir sur le dos de ses partenaires et d'utiliser la force du droit pour les sanctionner d'acheter à crédit vos produits.
C'est d'ailleurs ce que L'Allemagne fait en obligeant la Grèce à emprunter pour payer des équipements militaires allemands achetés par un gouvernement grec depuis convaincu de corruption.
Au delà de la condamnation morale d'une telle hypocrisie, on voit surtout la faiblesse intellectuelle de toute L'union sur les questions économiques et monétaires.
Les excèdents commerciaux allemands et japonais déjà desequilibrerent le monde de Bretton Woods, et fut l'un des facteurs de la crise d'inflation des années 70.
Leur résorption ont plongé le Japon dans la déflation, L'Allemagne utilisa ses excèdents pour financer la réunification.
La reconstruction de ce déséquilibre est pourtant la cause la plus profonde de la crise européenne.
Tant que les pays excédentaires n'utiliseront pas leurs excèdents pour relancer leurs demandes intérieures et leurs importations, pour investir dans le soutien de leurs partenaires, L'Europe marchera vers sa fin.

vendredi 13 février 2015

La social-démocratie européenne à la croisée des chemins

Nous sommes à une croisée des chemins.

Les lignes bougent. Au Parlement européen, un rassemblement s'esquisse. L'appel ci-dessous de députés européens issus de la Gauche Européennes, des Verts, du PSE, notamment avec notre Premier Signataire Emmanuel Maurel, montre que ce débat progresse. Le SPD cependant, dont l'aile gauche est pourtant bien représenté au Parlement Européen, n'est pas représenté.

http://www.maintenantlagauche95.org/m/article-125525042.html

Rappelons quelques faits: en 2009, Sigmar Gabriel a lancé une prudente réorientation du SPD - tombé à 20% après Schröder et la première grande coalition - vers la gauche. C'est ce qu'il a formulé en 2011 en "Mitte-links" "au milieu, à gauche", quand Schröder ne parlait que de "Mitte" - du milieu. Cette réorientation prudente permit au SPD de remonter dans les sondages au delà de 25%, et a la direction du SPD de construire une stratégie majoritaire sur l'alliance unique avec les Verts. Le parti restait très divisé entre ceux favorables d'étendre cette alliance aux Linken et ceux voyant plus de points communs avec la CDU.
La désignation obscure de Steinbrück, l'homme le plus à droite du SPD, prit tout le parti a contre-pied. Le résultat fut décevant - 25%, loin des 30 espérés.
Par chance, la stratégie de Merkel, de siphonner les libéraux du FDP - ses anciens alliés- pour obtenir une majorite parlementaire absolue échoua - l'AFD populiste et ses 4,7% en étant pour quelque chose.
Deux possibilités de majorite sont donc possibles au Bundestag : une alliance Linke-Verts-SPD ou la grande coalition que Gabriel décida de faire. Dans un moment de démocratie interne inédit pour le SPD, les militants votèrent sur le contrat de coalition avec la CDU et l'accepteront a 75% de Oui.
Depuis, malgré la mise en place de mesures authentiquement de gauche (ne citons que le SMIC mais il y en a d'autres), le SPD, sans stratégie claire, stagne autour de 25%. La somme des gauches reste stable autour des 43% obtenus en 2013.
Le problème, c'est que si près de 15% des suffrages de 2013 ne sont pas représentés au Bundestag (dispersés sur des partis sous les 5%), il est quasiment sur que l'AfD aura des députés en 2017. La CDU-CSU restant stable à 40% elle pourra choisir son partenaire de coalition entre Verts, SPD ou AfD.
Il y a pourtant au sein de la gauche allemande de plus en plus de voix qui parlent pour une grande coalition de gauche, des Linke au SPD. Même des "réformateurs" SPD commencent à s'interroger sur l'échec de la stratégie de Gabriel, dont la réorientation prudente l'est trop, invisible de l'électeur.
De plus, désemparé, Gabriel tombe dans des réflexes autocratiques, prenant le contre-pied d'une Motion de son parti voté dans une séance qu'il présidait sur le TAFTA, rencontrant et légitimant par la même les populistes de Pegida.
 Le budget allemand va être en équilibre, mais au prix d'un ralentissement de la croissance européenne, d'un retard d'investissements sur les infrastructures considérable, et d'une aggravation de la pauvreté et des inégalités.
L'enjeu d'un nouveau pacte majoritaire à gauche passe donc par une politique active de reprise de l'activité, ce qu'on simplifie sous le nom de politique de croissance même lorsqu'elle implique des investissements massifs pour la transition écologique et vers l'économie durable.
Finalement, la gauche allemande est au même point de débat que toutes les gauches européennes: continuer l'aggiornamento avec les droites et cette grande coalition européenne, austéritaire, injuste, inefficace et donc impopulaire, ou constituer un nouveau pacte majoritaire à sa gauche.
Toute la social-démocratie européenne est devant finalement ce choix : décrépir comme le PASOK, où se transformer comme Syriza.
Rappelons ici que Syriza n'est pas né des partis de la gauche du PASOK, mais d'une scission du PASOK sur cette question du contenu politique du pacte majoritaire et de l'alliance ou non avec les droites.
Notre congrès de Juin 2015 n'est donc pas, comme semble le penser Manuel Valls, le jeu de cinglés dans le bac à sable, mais bien le débat fondamental auquel est confronté l'ensemble de la social-démocratie européenne.
Il est d'ailleurs à ce sujet dommage, mais aussi révélateur, que le congres du PSE qui a lieu la semaine suivant notre congres, n'a dans son programme provisoire aucune trace de ce débat la, ni aucun vote de prévu entre motions et propositions de stratégie différentes.

C'est à nous, socialistes français, de peser sur ce débat en prenant pleinement notre place dans le congrès dePoitiers.

Mathieu Pouydesseau 

jeudi 5 février 2015

Le sursaut Républicain, un coup de jeune pour le socialisme

Le texte intégral de la contribution générale "Le sursaut Républicain, un coup de jeune pour le socialisme" (Maintenant la Gauche) est maintenant disponible.
http://fr.scribd.com/doc/254786531/Contribution-generale-de-Maintenant-La-Gauche-au-Congres-de-Poitiers
Nous défendons une vision volontariste de l'action politique, inscrite dans un union des gauches européennes, porteuse de rapports de force, et ancrée dans les valeurs républicaines. Nous n'acceptons pas qu'un rapport d'expert, fondé sur des théories économiques orthodoxes et libérales, se substitue à la réflexion collective du parti pour devenir la nouvelle feuille de route, sans débat ni cohérence, et depuis 2012, sans résultats à part la montée du Front National.
En voici la table des matières:
I. Les conditions du sursaut
1) Redonner du sens et de la force à la souveraineté populaire
2) Le sursaut républicain implique la rupture avec les politiques d’austérité
3) Le sursaut républicain passe par la réduction des inégalités.
4) Le sursaut républicain, c’est faire avancer les droits des travailleurs
5) La république qui protège : garantir les droits fondamentaux
6) La République qui émancipe : partager les savoirs
7) Un regard lucide sur le monde
8) L’éco-socialisme est l’avenir, pour la planète et pour la gauche
II. Un parti socialiste acteur du sursaut
1) Faire vivre un parti socialiste utile et sûr de lui
2) Engager la rénovation de la gauche Européenne
3) 15 propositions pour la renaissance du PS
4) Le congrès de Poitiers ne sera pas un congrès comme les autres

Dans la parti rénovation du Parti, je vous propose notamment la réflexion sur le point numéro 5 issu d'un de mes amendements, qui fait la synthèse d'une réflexion plus profonde, et qui fut aussi abordé pendant les réunions de samedi dernier à Paris de la FFE:
"La fédération des français de l’étranger est une richesse méconnue du Parti qui doit davantage solliciter l’expertise de ses militants. Si ses militants le souhaitent, nous pourrions créer une fédération des français en Union Européenne et une fédération des français hors de l’UE, permettant un travail spécifique du secrétariat national à l’Europe avec l’une et à l’international avec l’autre."

Voici une revendication que je porte depuis longtemps reprise par cette contribution générale:
" Si les socialistes européens veulent sortir de l’impasse politique, il est urgent d’engager un dialogue structurel avec les nouvelles forces de gauche ou celles qui ont su se renouveler alors que nous n’arrivions pas à le faire.
Nous devons mettre fin au « compromis historique » avec les anciens démocrates-chrétiens, devenus conservateurs. Nous devons nous rapprocher du Parti de la Gauche européenne, et des Écologistes. Seule cette option nous permet de rendre crédible la perspective d’une alternative politique européenne.
Nous devons révolutionner le PSE qui n’est pas à la hauteur des enjeux ; le PS français doit assumer de porter les débats que les sociaux-démocrates n’osent pas affronter. Les militants doivent être convoqués pour se prononcer sur l’orientation politique du PSE et ses dirigeants."


Mathieu Pouydesseau
BF, CF, mandataire Fédéral