mardi 24 février 2015

Où va l'Europe?

Le pacte de stabilité qui trouve son origine dans le traité de Maastricht suppose que les États Européens restent dans des marges bien connus.
Ceux-ci, fixés par des experts administratifs, ont reçu la protection du Droit. La politique économique est devenue un sujet de jurisprudence plus qu'un outil positif pour construire un avenir commun.
Pourtant, tous les économistes reconnaissent que les déséquilibres les plus déstabilisants pour une zone monétaire ne sont pas définis par la politique budgétaire.
Dans de grandes zones monétaires relativement homogènes linguistiquement, c'est les migrations internes qui vont rééquilibrer la zone.
Une ville en plein boom attirera les chômeurs d'une zone dévastée, achètera les produits d'autres villes et alimentera ainsi leurs économies.
On comprends qu'un espace aussi complexe, aussi longuement construit, culturellement, linguistiquement, que L'Europe, ne peut pas régler ses problèmes ainsi.
L'exode rural français fut une bonne illustration de ce modèle de rééquilibrage interne.
Aujourd'hui quatres nouvelles se percutent et révèlent à quel point le jurisidisme économique est impuissant à s'attaquer à tous les déséquilibres européens.
L'Allemagne a dégagé en 2014 un surplus budgétaire largement supérieur aux dernières prévisions. Cela démontre par ailleurs l'efficience des inspecteurs des finances allemands, à peu près équivalente à celle des français. Le surplus budgétaire est un déséquilibre ayant aussi des effets négatifs sur une économie.
L'excédent commercial allemand a de nouveau battu un record. Dans le même temps le déficit commercial français hors énergie a aussi battu un record. Ce sont deux déséquilibres de la balance des paiements qui s'expliquent en partie l'un par l'autre.
Enfin, le gouvernement français vient officiellement de reconnaître auprès de la commission l'impossibilité de revenir sous les 3% de déficit avant 2018, ce qui devrait entraîner une procédure contre nous.
Bien sûr il est simpliste de dire que ces excèdents ci sont le reflet de ces déficits là.
Mais il y a une once de vérité dans cette simplicité.
La France va donc être sanctionnée. L'Allemagne elle n'aura droit à aucune remarque.
C'est que le cadre juridique défini ne traite pas d'un niveau maximal d'excédents. Il est légitime juridiquement de s'enrichir sur le dos de ses partenaires et d'utiliser la force du droit pour les sanctionner d'acheter à crédit vos produits.
C'est d'ailleurs ce que L'Allemagne fait en obligeant la Grèce à emprunter pour payer des équipements militaires allemands achetés par un gouvernement grec depuis convaincu de corruption.
Au delà de la condamnation morale d'une telle hypocrisie, on voit surtout la faiblesse intellectuelle de toute L'union sur les questions économiques et monétaires.
Les excèdents commerciaux allemands et japonais déjà desequilibrerent le monde de Bretton Woods, et fut l'un des facteurs de la crise d'inflation des années 70.
Leur résorption ont plongé le Japon dans la déflation, L'Allemagne utilisa ses excèdents pour financer la réunification.
La reconstruction de ce déséquilibre est pourtant la cause la plus profonde de la crise européenne.
Tant que les pays excédentaires n'utiliseront pas leurs excèdents pour relancer leurs demandes intérieures et leurs importations, pour investir dans le soutien de leurs partenaires, L'Europe marchera vers sa fin.

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