dimanche 29 mars 2015

Il faut changer de politique pour éviter le pire

Les résultats de ces départementales sont catastrophiques. Nous perdons plus de 30 départements. Jamais, dans la 5eme République, une telle bascule n'a eu lieu avec autant d'ampleur.
En 2011, nous n'avions gagné que 3 départements. En 2008, c'est 8 bascules. Les deux plus grosses bascules de l'histoire concernaient au maximum 10 départements.
Même en prenant en compte un scrutin où seuls la moitié des départements votaient, jamais dans l'histoire plus de 30 départements basculent!
Les résultats des duels avec le Front National montrent qu'aujourd'hui, c'est la droite qui peut le mieux empêcher ce parti d'avoir des élus. Le FN gagne ses duels avec le PS, grâce à des reports de voix venus de l'UMP, alors que dans des duels avec l'UMP, toutes les voix de la gauche se reportent sur la droite.
Dans la perspective de 2017, cela peut avoir des conséquences dans les votes de certains de nos électeurs.
La seule illusion, c'est celle entretenue par les sondages. Ils nous voyaient encore plus bas. La belle affaire!
Sur la base des trois derniers scrutins, la gauche n'est pas assurée d'être au second tour en 2017. Pire, nous ne garderions qu'une centaine de députés.
La gauche ne peut progresser lorsqu'elle est divisée, aucune partie de la gauche ne peut gagner au détriment des autres.
C'est cette lecon, ignorée superbement depuis deux ans et demi par Francois Hollande, et depuis un an par Manuel Valls, incapables de construire des compromis politiques - on ne parle pas des faux semblants d'amendements, on parle de mesures qui sont suivies d'adhésion de la part des forces progressistes et de gauche, et recourir au 49-3, c'est l'anti-thése de cela - qui vient d'être - de nouveau, aprés les municipales et les Européennes - rappelée.
Le collectif de Vive la Gauche, dont fait partie les parlementaires de Maintenant la Gauche, mais aussi, à la FFE, Arnaud Leroy et Pouria Amirshahi, a appelé à un nouveau Contrat de Rassemblement, "Nous appelons à ce qu’une grande Gauche se rassemble sans retard, pour soutenir des politiques nouvelles, au service de nos engagements."
Manuel Valls, ce soir, redécouvre le slogan de Martine Aubry aux Primaires, scande son intention de s'occuper de "l'Emploi, l'emploi, l'emploi". Rappelons la hausse de Février du chômage...
Il annonce dans la foulée que des textes "seront adoptés avant l'été" - quel mépris du Parlement! Il seront discutés, débattus, proposés, mais si Manuel Valls n'a plus besoin du vote, et bien, qu'il gouverne par ordonnances!
Jean-Christophe Cambadélis ce soir a perdu toute crédibilité pour être Premier Secrétaire. D'aprés lui, il n'y a pas de débâcle. Le PS n'aurait "pas dévissé". Son appel au dialogue avec la gauche est à l'unisson: sans contenu à proposer, ni idée de quoi faire.
Alors, les partis à la Gauche du PS vivent aussi une forme de refus du réel.
Il n'y a en France ni scénario grec, où un Front de Gauche se nourrirait de l'électorat du PS, ni de scénario espagnol, où un nouveau parti, à la Podemos, surgirait.
Nous sommes dans un scénario à la Weimar, où autrefois le NSDAP de Hitler surgit du désespoir, alors que le budget était rééquilibré.
Lorsque la Social-Démocratie trahit l'espoir de ses électeurs, des classes modestes, des salariés, des enseignants, des fonctionnaires, des retraités issus de classe modeste, lorsqu'elle empêche par sa politique le rassemblement et pousse sa gauche à lutter contre elle, c'est l'extrémisme qui l'emporte, et emporte tout.
Il est temps de changer de politique. Nous faisons des propositions concrétes depuis 2012.

Maintenant la Gauche analyse les départementales

imageLes résultats des élections départementales, après l’échec des municipales, exige de l’exécutif, du PS et de la gauche lucidité et sursaut. On ne saurait trouver des alibis pour atténuer la gravité de la situation, l’ampleur de la défaite et l’exigence de changement de cap.
Sur le terrain politique, comme sur le plan économique, il serait dramatique d’attendre sans réagir, au motif qu’un frémissement de certains indicateurs macro-économiques règlerait les graves problèmes qu’il nous faut surmonter.
Constater la désunion de la gauche et des écologistes en cherchant des boucs émissaires ne peut qu’accentuer les divisions. Alors même qu’il revient au PS, principal parti de la gauche et au Président de la République, élu grâce ã la mobilisation des électeurs de toutes ces forces, de proposer une stratégie et un contenu au rassemblement sans lequel aucune victoire n’est envisageable en 2017.
Après avoir appelé au rassemblement avant les élections et avec insistance entre les deux tours, il n’est pas possible, une fois les élections passées, de continuer comme si de rien n’était. C’est une question d’éthique politique mais aussi d’efficacité.
Le poids du Front national, même s’il ne se concrétise pas par la conquête de départements, est très alarmant. Le nécessaire combat moral et idéologique ne sera pas suffisant pour réduire le poids du FN.
Il est indispensable d’entreprendre la reconquête des couches populaires, de plus en plus nombreuses à ne plus voter et à ne plus voter à gauche ; Plus que d’autres, elles ont besoin d’une politique qui place la justice sociale, la relance du pouvoir d’achat et la création d’emplois au premier plan. Elles attendent des mesures immédiates et des perspectives d’avenir.
Le temps n’est pas aux calculs opportunistes, ni aux demi-mesures. De façon continue, « Maintenant la gauche » a fait des propositions, concrètes, sérieuses, qui pourraient servir de base à la discussion d’une plateforme de sursaut économique, social et républicain rassemblant toute la gauche et les écologistes.
Les socialistes ne peuvent plus attendre encore une fois un rebond venu d’ailleurs, ni se résigner à la défaite. Le temps presse désormais.
Emmanuel Maurel
 

mercredi 11 mars 2015

Le Parti Socialiste est-il toujours le Parti de la Laïcité et de l'Ecole Publique?

Il y a un vrai débat, fondamental, sur la laïcité, au sein du Parti Socialiste, et qui porte aussi sur l'Ecole Publique.
C'est un débat bien plus important qu'on ne le croit: le basculement du PS dans le tournant de la rigueur en Juillet 1983 ne fut pas un choix politique organisé sur un débat économique. Mauroy ne tombe pas à cause du déficit extérieur ou de l'inflation, mais bien parce que Mitterrand le lâche en pleine querelle de l'école publique.
Ce débat n'épouse pas les différences sur la politique économique.
Le Parti radical de Gauche, partie prenante de la politique économique actuelle, accuse le Parti Socialiste aujourd'hui de trahir la laïcité.
Il démontre cependant qu'une petite clique, sur la politique économique comme sur la politique sociale, tourne le dos aux combats historiques du Parti Socialiste et de la gauche, remettant en cause même le ciment de l'union d'autrefois entre républicains et socialistes, entre Radicaux, SFIO et Parti Communiste.
Que cette clique souhaite une alliance avec les croyants du Centre, avec l'UDI de Habib Meyer!, n'est donc pas une surprise.
Sur ce sujet, la contribution déposée par JCC Cambadelis et celle de Maintenant la gauche sont très proches, rappelant la nécessité de supprimer le délit de blasphème y compris en territoire concordataire, et en reconnaissant l'importance de la charte de la laïcité.
Il y a là de nouveau une dérive idéologique à l'œuvre, de la part de ceux qui, sur les questions économiques, sociales, et donc maintenant politiques, ne sortent jamais du bois et ne déposent pas de contribution. Ils s'abritent derrière les autres, signant la contribution "laicarde" de Cambadelis, mais mettant en œuvre une autre politique.
Que les camarades, sincèrement convaincus de la nécessité du combat laïc, évitent de se retrouver dans le même texte que ceux qui attaquent l'école publique et l'idée laïque pour la dévoyer en œcuménisme bon teint,  fassent donc un choix clair.
Rejoignez les contributions authentiquement laïques, mais surtout celles dont les équipes le resteront après le congrès.
Pourquoi ce message? Je vais traiter du fond:
Cette semaine, la presse rends compte que le ministre de l'Intérieur a repris lors du conseil des ministres du 25 février des propositions d'un texte de travail du parti non encore débattu ni approuvé par le Bureau National, notamment sur les écoles privées:
 «Le gouvernement veillera à ce que l'enseignement privé confessionnel musulman puisse se développer dans le respect des principes républicains. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent pleinement usage de leurs prérogatives de contrôle», avait annoncé le ministre.
Le Parti socialiste, s'en était aussitôt félicité dans un communiqué, proposant de " développer les établissements scolaires privés sous contrat", que le secrétaire national à la laïcité Dutheil signa de noms de parlementaires profondément opposés au contenu de ce texte.
«Je n'ai jamais lu ce texte et je n'en partage pas les options. Je n'y ai pas été associé, pas plus que mes collègues dont le nom est mentionné», déplore Emmanuel Maurel, eurodéputé et animateur de la contribution «Maintenant la gauche». L'élu socialiste regrette que le texte n'ait pas été discuté en bureau national. «J'ai appelé Laurent Dutheil, l'auteur du texte, pour lui en faire part, et j'ai adressé un courrier. Il m'a dit qu'il avait inscrit nos noms parce que nous faisions partie du groupe de travail», détaille au Scan l'un des leaders de l'aile gauche du PS, qui s'offusque d'être associé à un texte qui promeut le développement des écoles confessionnelles."
Dutheil a ajouté à son texte des signataires qui n'ont jamais lu ou approuvé ce texte tel quel, qui sont en profond désaccord. Manigance minable de préparation de congrès.
On l'a entrevu à la réunion des secrétaires de section du 1 Février dernier: les secrétaires de section ont applaudi des conceptions profondément opposées de la laïcité. L'exercice de clarté est à faire.
Certains, dont je suis, ont défendu l'idée républicaine, universelle, qui voit dans la citoyenneté une émancipation permettant le choix, de croire, de pas croire, de changer de foi, de ne pas être défini par son origine ou la religion de ses parents, dans laquelle l'ordre républicain ne s'occupe pas des églises en dehors de la loi commune, et où la tolérance d'un enseignement confessionnel, arraché par des rapports de force politiques et dans la rue par les mêmes qui aujourd'hui manifestent contre le mariage pour tous, justifie la contrainte du conventionnement, mais où cet enseignement confessionnel n'est que toléré.
L'objectif reste, si les rapports de force le permettent, de revenir à une réforme à la Savary, de réduire le financement de l'enseignement confessionnel, de mettre fin, un jour lointain, au conventionnement en absorbant les écoles privées. Qu'une initiation à l'éthique et un enseignement religieux soit proposé en option n'est pas contradictoire: il ne s'agit pas de gommer la religion et la question de la foi, mais d'émanciper le citoyen de la pression sociale, familiale et culturelle, au nom de la liberté de conscience.
D'autres ont défendu l'idée d'un ordre républicain qui conforte les communautés, qui assure la tolérance d'un sécularisme œcuménique. Toutes les religions se valent, et l'Etat les mets toutes sur un même plan, comme acteurs légitimes d'un dialogue politique, organisant avec les églises une partie de l'enseignement, complémentaire à l'enseignement public, et tout aussi légitime que lui. Dans cette vision, les chefs d'Etat et de gouvernement aident les églises à s'organiser et à être représentée comme acteurs spécifiques, plus légitimes que d'autres. Dans cette vision, l'individu est ramené à sa communauté - il y a un vote juif, un vote musulman, un vote antillais, un vote catholique social, un vote calviniste de gauche. dans cette vision, il y a une confusion entre laïcité et sécularisme.
C'est la vision que porte Manuel Valls dans ses discours, que porte le rapport Dutheil au sein du PS.
Pour moi, cette conception réduit toujours l'individu à son origine, à sa religion, et l'y enferme. Comme le disait une camarade le 1 Février "toujours on me renvois à mon arabité, alors que je suis citoyenne française."
On serait "musulman", "juif", "immigré", "beur", "de souche" (ce qui veut dire blanc et chrétien) avant d'être "citoyen" et "Français".
Surtout, comment sortir de ces communautés?
Qui aidera la femme émancipée à sortir de l'oppression catholique ou islamique, qui aidera le citoyen LGBT à échapper à la répression de communautés conservatrices? Qui fait le travail d'émancipation, si l'école publique est supplétive des écoles confessionnelles, si l'Etat organise l'enfermement des individus dans leurs communautés?
Dans une société bâtie sur la tolérance d'un sécularisme œcuménique les athées ont des problèmes. Car leur existence n'est pas reconnue. Car être athée, ce n'est pas être membre d'une communauté. C'est un choix individuel, libre.
Et qui garantit que l'apostat, celui qui change de religion, celle qui souhaite épouser dans une autre communauté, ne soient pas victimes de l'oppression sociale, si l'Etat conforte ainsi les religions et leurs églises ?
Il n'est peut-être pas si ironique, de la part de l'histoire, alors que c'est Laurent Fabius qui succéda à Pierre Mauroy après la bataille perdue de l'Education, permettant à Jack Lang, successeur de Alain Savary, de créer une relation symbiotique entre enseignement confessionnel et Education nationale, que ce soit Bertrand Cazeneuve, ministre fabiusien de l'Intérieur, qui inscrive dans les projets du ministére l'organisation de l'enseignement confessionnel musulman. C'est la boucle bouclée d'une certaine gauche, qui se manqua en 2005 en soutenant par opportunisme le non au traité de Lisbonne (Valls, Fabius, Cazeneuve), mais qui sur des sujets essentiels, est dans une logique d'abandon.
Pour moi, la laicité, c'est ce qu'explique si bien le texte de Maintenant la Gauche: http://www.maintenantlagauche.fr/signer-la-contribution-generale-de-maintenant-la-gauche/
"La République laïque est là pour garantir à tous les Français la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire. Elle doit d'abord promouvoir les valeurs fondamentales qui nous rassemblent, apprendre à distinguer ce qui relève du savoir et ce qui relève de la croyance.
 La République et ses représentants doivent restaurer chez chacun de nos concitoyens la fierté d'en être membre. La République ne reconnaît pas les communautés religieuses comme intermédiaires avec les citoyens, et elle doit être capable de rappeler à l'ordre ceux de ses élus locaux qui instrumentalisent et entretiennent les communautarismes à des fins de contrôle social ou électoral.
 En République, le blasphème n’existe pas. On ne peut pas accepter l’idée qu’il soit interdit de critiquer ou moquer des convictions quelles qu'elles soient (religieuses ou politiques).
 Il est essentiel de rappeler à tous que la liberté d’expression n’autorise pas à déroger de la loi en particulier celle contre le racisme et l’antisémitisme.
 La laïcité n’est pas une succession d’interdits. Elle a, au contraire, une vocation libératrice, émancipatrice et elle rend possible non seulement le vivre ensemble, mais la construction d’un projet commun.
 Notre pays doit garantir la liberté de culte et les moyens de l’exercer dans le respect strict de la loi de 1905 que nous ne voulons pas modifier. De nombreuses initiatives peuvent être prises pour permettre une pratique religieuse libérée des influences étrangères ou contraires aux principes de la République.
 Le combat laïque a besoin de l’implication de tous, et en premier lieu de nos institutions.
 Les événements récents et en particulier certains comportements constatés dans les établissements scolaires en marge de la minute de silence en mémoire des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo sont inquiétants. Mais, au-delà, cela a mis en lumière le désarroi de nombreux enseignants face à des discours intellectuellement violents de beaucoup de jeunes gens, eux-mêmes en pleine confusion, sous l'influence parfois des entourages, mais aussi des discours complotistes ou radicaux que l'on trouve facilement sur internet et les réseaux sociaux.
 Un travail d'éducation civique et républicaine est à réinventer et mener sur un temps long et nos enseignants doivent être armés pour réussir. Le gouvernement manifeste sa volonté de relever ces défis nous devons le soutenir dans cette détermination. Il faudra agir dans tous les lieux éducatifs, et même dans la formation professionnelle pour mieux faire comprendre et partager cette valeur. C’est au sein de tous les services publics qu’il faut que salariés, dirigeants, usagers soient au clair sur la façon de la faire vivre.
 Les chartes de la laïcité doivent être systématiquement établies en faisant appel à la participation de tous ceux qui doivent la mettre en œuvre.
 La laïcité prend aussi appui sur l’analyse rationnelle et critique du monde. Elle combat tous les obscurantismes. Quand on voit monter le dogmatisme des créationnistes aux USA, le négationnisme historique, la contestation de la science ou des droits des femmes (dans plus d’une religion), on mesure que la laïcité doit faire face à des idéologies qui la combattent avec force et qu’elle ne s’imposera pas comme une évidence. La mobilisation du 11 Janvier est très importante et il nous faut la prolonger."